Réservé à mes enfants

Je suis né le 30 MAI 1944 à Oran (Algérie Française)  La France était encore en guerre. Occupation, bombardements et restrictions étaient le lot quotidien de nos parents. Je ne peux pas dire que j'ai directement connu la guerre. J'en ai aucun souvenirs, bien sur. Pourtant elle nous a marqué longtemps, surtout à mes parents.

Nous ne connaissions pas encore le Formica, la télé, les machines à laver, les réfrigérataurs, les fers à vapeur, le ramassage des ordures, encore moins le "tri", les douches ou "cabinets" à l'intérieur, les stylos, les jeans

Pourtant....         

Je me suis aperçu que, finalement, je ne connaissais pas grand chose de la vie de mes parents, si ce n'est que les souvenirs personnels, que j'avais d'eux, aussi loin que ma mémoire remonte, ou des réponses aux questions que j'ai pu poser, malgrés nos liens, malgrés le temps que nous avons passé ensemble, surtout avec ma Mère. Avec mon père (longtemps absent), aprés sa retraite, soit à bricoler, à construire notre maison...mais, avant ma naissance, avant, avant, avant...???.  Quelle était leurs origines, leur mode de vie de tous les jours, leur jeunesse, les coutumes de ce moment, quelle était la vie que leur proposait, l'époque... Je me pose, et je me poserais toujours ces questions... Dommage !... Je sais que mon père avait neuf frêres et soeurs, qu'ils vivaient à Champniers en Charente, pas loin d'Angoulême et du Gond-Pontouvre ou nous vivions, ma Mère, ma petite soeur Violette et moi. Mon Père, n'étant jamais là, sauf, pour quelques "permissions". Il était militaire sous-marinier, dans la Marine Nationale. J'en étais fièr. Ma Mère, elle, était au foyer et nous élevait, comme toutes les Mamans de l'époque. Elle était née dans un bourg de la commune de Champniers, Argence, distant de quatre kilomètres du village de mon Père.

Pour moi, ne pas savoir tout, sur le passé de mes parents, est un vide, et j'aurais préféré savoir . Aussi, je vais essayer de résumer mon passé, sans aucune prétention littéraire, afin que mes enfants, et mes petits-enfants ne puissent se poser les mêmes questions à mon sujet. Aussi loin que ma mémoire le permet, et si j'y arrive, j'aurais l'impression que ça n'aura pas été inutile... Si ça peut les aider à mieux connaitre leur père et peut être leurs grands-parents paternels...Tant mieux...Si non, tant pis... mais j'aurais essayé de combler ce qui peut être, un vide... Ce qui me semble, comme un devoir...

Au fur et à mesure, je m'aperçois que tout est un peu désordoné, dans mes souvenirs, et que je risque faire des allez-retour dans le temps...

Donc, je suis né en 1944 à Oran, en Algérie Française, à l'époque. Mon Père André né à Champniers 16 (avec un s), ma Mère Geneviève Joussaume, née dans la même commune. Leurs parents respectifs étaient tous des paysans métayers, travaillant dur, les enfants aussi, dans des fermes, en fermage.

C'est avec ma mère que j'en ai appris le plus. Elle me racontait, qu'en rentrant de l'école, à pieds, il fallait qu'elle participe aux travaux de la ferme, nourrir les cochons, rentrer les vaches, souvent les traire, à la mains, ou laver le linge au lavoir, dans le ruisseau l'Argence, voir, rentrer les bottes de foin, après les avoir chargées sur la charette, tirée par le cheval, etc...Mes parents s'étaient rencontrés dans un bal, bien entendu, animé par l'accordéoniste du cru, qui parfois était accompagné d'un copain batteur, et encore, pas souvent. Si je me souviens bien, elle m'avait dit que c'était à la "Frairie" d'Argence. Personnellement, je me souviens de l'ambiance qui régnait dans ces bals des "Frairies" de ma commune. Ambiance, que je n'ai jamais retrouvé, depuis. 

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  repère 2

A l'époque, on naissait dans un village, on s'y fréquentait, on s'y mariait,  on y vivait, on y travaillait, on y était entérré. Je me souviens, dans les cimetières, il n'y avait que des noms de familles du village, sur les plaques des tombes. On pouvait retracer le passé du village et l'histoire du coin. Les moyens de transports se limitant au cheval, au vélo. Il y avait bien quelques voitures automobiles à moteur. Seuls, les gens riches possédaient une auto. Je me souviens trés bien, de quelques voitures à pédales. Et plus rarement, pour les grands déplacements, le train à vapeur. Pour nous, c'était plutot pour venir une fois par an dans la famille à Bordeaux, passer une semaine, dans la famille Videau, à La Bastide. Bien souvent, la plupart des jeunes, prenaient le train pour la première fois, pour aller au "service militaire". Le "service" était obligatoire...

J'ai connu, les premiers tracteurs qui ne servaient pas qu'à travailler la terre. En général, ils étaient de la marque americaine  Massey-Fergusson, aprés il y a eu des "Renault"... Certains étaient équipés, sur le coté, d'une grande roue métalique qui servait à entrainer par courroie, une "batteuse" qui servait à "battre" les gerbes de blé, d'avoines, ou d'orge. Elle pouvait servir à entrainer d'autres gros outils nescessaires à la ferme... Comme moudre le blé, pour faire la farine qui servait à faire son pain. Pour les "battaisons"il suffisait de charger la "batteuse" de gerbes de blé, à la main, avec une fourche, la machine se chargeait de séparer les grains, d'un coté, les "balles" (l'enveloppe du grain) de l'autre, et de l'autre coté elle formait, liait, des bottes de paille qui etait de suite rangées dans les granges, juste à coté des étables.

                                            

                                            

Les céréales étaient fauchées à la mains, avec une "faux" et liées à la mains pour former des "gerbes". Vite, j'ai vu des "faucheuses" apparaitre. Tirées par un cheval guidé, elle coupaient les tiges à ras du sol et laissaient les tiges sur place.

                              

Aprés, il fallait passer la "herse", pour former des tas en bandes droites, pour pouvoir passer la "gerbeuse". Chez mon Tonton Omer et ma Tante Louise, à Champniers, quartier "chez Penot" (Tata Louise était une, des, soeurs de mon Père), dès que je le pouvais, le dimanche, vers dix ans, je montais sur la herse pour la guider, tirée par le cheval. J'adorais. Pour moi, c'était une grande joie. Régulièrement, il fallait appuyer sur une pédale, la herse se levait et déposait les tiges ratissées. Ensuite, la gerbeuse pouvait être passée pour faire les "bottes"qui seraient "battues" plus tard. Quand  les enfants de la maison  rentraient de l'école ils aidaient à charger les gerbes ou bottes, sur la charette, à la fourche, afin de vite les rentrer dans la grange. Parfois, un "gerbiers" était monté à l'exterieur et ce tas de gerbes, en forme de maison etait conçu prés de l'endroit ou aurait lieu la "bataison" .                                                                                                                                                                                                             

Quand la récolte était rentrée, tout le monde rentrait pour "souper", aprés avoir quitté les "galoches" ou les bottes, à l'entrée. Aprés il fallait faire le devoirs d'école et aller se coucher, car le lendemain, il fallait se lever de bonne heure... La toilette corporelle, se faisait le matin au réveil. Il fallait se rendre aller à l'école, à pieds.

Quand le temps de la moisson était terminée chez tous les voisins du paté de fermes , venait le temps des "battaisons". Tous les voisins, se réunissaient, chez l'un puis chez l'autre, pour faire ces fameuses "battaisons". Il n'était pas question d'argent, mais un coup de mains valait le coup de mains que t'avais donné à ton tour. En général, le propiétaire de la "moissonneuse-batteuse" était un riche et possédait une plus grande propriété. Chez lui le "coup de mains" durait un peu plus longtemps. Mais son matériel étant indispensable chez les autres, alors...

                                                                                                                                                                                     

Je me souviens, étant gamin, nous n'avions pas l'autorisation de participer à ces travaux; travail d'hommes. Par contre, j'ai un grand souvenir des repas du midi, à cette occasion. Là, nous participions à ce grand moment,attendu, chaque annéé (pour moi, c'était la fête) Tous les hommes participants aux travaux et la famille étaient invités à manger le repas, préparé par les femmes, avec les produits de la ferme...Pour moi, c'était un des moments des plus important de l'année. Le repas se tenait en général dans une grange. Chez mon Tonton, c'était la grange ou il y avait les énormes cuves et préssoirs à vin et les barriques. C'ést devenu plus tard le garage du tracteur, dés qu'ils purent en acheter un d'occase. Une longue table était dréssées sur des trétaux, recouverte de la longue nappe blanche de rigueur. Le bon pain de campagne que fabriquait tonton Omer, lui même, les bouteilles de vin, de la propriétée, fraichement tiré dans les barriques, juste à coté, étaient posés au centre tout au long de la table. Les assiettes creuses, dans lesquelles étaient posées les serviettes en gros tissus blancs, couverts d'argent et les verres , étaient allignés sur la table, comme pour un mariage. De chaque cotés de la table, des bancs en bois étaient disposés. Une odeur de vin et de mécanique flottait dans la grange. Faut dire que s'était aussi la "remise" du tracteur .

Le repas n'était qu'un moment de rigolade, chacun racontait sa petite histoire ou chantait, surtout en fin de repas. Je n'en loupais pas une...Tous, oubliaient la fatigue en dégustant les plats préparés par Tata Louise, aidée par les épouses des autres voisins. Garbure, charcuteries maisons, civet de lièvre, rotis de porc maison accompagné des traditionnelles "mojettes" charentaises, salade du jardin, fromage de la ferme, et le gateau maison. Le tout, bien arrosé du "gros rouge" de la propriétée. Il n'y avait pas de café, mais un bon coup d'eau de vie de prune du fermier, cloturait ce super repas. Je me souviens, lors d'un de ces repas, d'un voisin, debout sur le banc, chantait et faisait rire tout le monde,quand une hirondelle nichée juste au dessus, lui "chiat" sur la casquette..Plier de rire...Aujourd'hui, j'aurais aimé que mes enfants vivent la même chose. Aprés deux ou trois chansons, comme " je lui fait pouèt pouèt." tout ce beau monde, bien repu, repartait finir la bataison, dans la poussière, jusqu'à tard le soir, à la lumière des lampes à carbure, quand il le fallait. Le lendemain, c'était chez le voisin, et ainsi de suite, mais là, nous n'étions pas présents.

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repère 3

Ma mère, avait une soeur, Thérèse, qui est toujours restée à "Argence" ou elle vivait avec son mari Tonton Maxime Breuil, et ses deux filles, Christiane et Micheline, dit Mimi (ma cousine préférée, que j'ai perdu de vue. Je sais qu'elle habite à Jarnac, on ne se rencontre que pour les enterrements). Mon père, avait plusieurs frêres et soeurs. Je ne les ai pas tous connu. Parmis eux, ma Marraine Tata Maria, avait épousé un ingénieur, Tonton Charles Magne. Mon cousin préféré, Alain Magne est né à Caudéran (33). Plus tard, alors que nous habitions à Cenon (33) ils sont venus vivre à l'Isle d'Espagnac (16) car Tonton Charles était muté juste à coté à la fonderie de Ruelle, entre Champniers et Angoulême, et à quelques kilomètres du Gond Pontouvre. Nous allions tous les deux ou trois dimanche passer la journée, "chez Penot", comme on disait, chez tata Louise, épouse de Omer Mersshaert . Ils étaient métayers "chez Penot" . Chez eux, vivait un autre frêre, Tonton Henri, malade. Super beau garçon. Plus jeune, il avait reçu une pierre sur la tempe, lancée par un copain, avec un lance-pierres, une fronde, comme on dit à Bordeaux. Il parraissait normal, quand tout à coup il était pris d'une crise. Il se mettait par terre et était agité, par soubressauts, et bavait de la mousse blanche...au bout de cinq minutes, il était à nouveau, normal, comme si rien n'était. J'étais très impressionné, quand ça lui arrivait. Cela pouvait arriver deux fois dans une journée, ou pas du tout...Je l'aimait bien. Il est mort dans un hopital psychiatrique, pas loin d'Angoulême, ou il avait été placé plus tard...Je connaissais aussi une autre soeur à Papa, Marie, qui habitait l'Isle d'Espagnac, (à deux maisons à coté ou Tata Maria et Tonton Charles se sont installés plus tard) que je voyais une heure, une fois tous les trois quatre ans...Les autres, si je les ai vu, je ne me souviens pas d'eux. Je sais qu'un d'entre eux, c'est pendu dans sa grange.

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repère 4

Mon souvenir le plus lointain, est quand ma petite soeur, Violette est née. J'avais dans les trois ans. Et poutant, je me souviens encore de la joie que ça m'avait procuré, et du moment où ma Mére l'a mise au monde, à la maison (l'accouchement médicalisé, n'existait pas encore, ou trés rare). Quand je l'ai appris, chez la voisine, ou je passais plusieurs jours, j'ai pris mes jambes à mon cou et j'ai dévalé à la maison...

La maternelle n'éxistait pas. Nous allions à l'école à l'age de 7ans. C'était pas un problême, les Mamans, en général, ne travaillaient pas (ce qui explique, en grande partie, qu'il n'y avait pas de chomage).

Nous habitions, ma Mère, ma petite soeur Violette et moi, un deux pièces à Pisany (commune du Gond-Pontouvre), au bord de la route de Paris, 148 route de Paris, quartier distant de l'école du Gond de trois ou quatre kilomètres environ. Pas de ramassage scolaire, à l'époque. Pour aller à l'école, j'étais habillé toujours de la même façon. Pantalon golf, comme Tintin, d'un pull, tricoté par ma mère, avec la laine récupérée sur un ancien pull, a laquelle on ajoutait celle d'un autre pull, parce que la taille était différente. Parfois le résultat était assez bizare.. Je me souviens encore d'un pull marron et jaune...Mais nous étions tous logés à la même enseigne. La guerre, n'était pas si éloignée que ça...le tablier gris ou noir d'écolier (la blouse), était de rigueur, le beret noir, aussi, les chaussettes hautes, de laine, tricotées par Maman, et parfois reprisées, été comme hiver, dans des brodequins en cuir, semelles cloutées et quand il pleuvait, le ponchot imperméable, en toile cirée, avec capuche. Ma mère nous tricotait de gros "cache-cols" et même des gants à cinq doigts. Quand il faisait chaud, l'été, un short avec bretelles et un "Marcel". Plus petit, je me souviens, que l'été, nous portions des barboteuses, tricotées par Maman.

A cette époque, on n'achetait pas des vêtements. Les couturières étaient les reines. Elles confectionnaient, sur mesure, des blousons, des pantalons, etc dans des tissus, taillés et récupérés dans des vêtements militaires pas trop usagés. Je me suis retrouvé avec des pantalons vert kakis ou bleu marine. On ne changeait pas une paire de chaussettes trouées. On reprisait. On faisait clouter les semelles des chaussures, en cuir, pour éviter l'usure. Plus tard, quand il fallait se chausser, pour un mariage, une communion, les chaussures neuves, on passaient chez le cordonier pour faire poser des "fers" au bouts et aux talons... Nous avions une tenue, pour les dimanches.

Pour aller à l'école, mon Père m'avait fabriqué un cartable en cuire. Inusable, et trés beau, aves deux poches pour le "plumier". Chaque année, il était ciré avec du suif, en même temps on en profitait pour "suiffé" le ballon de foot  en cuire"cousu main", pour le rendre imperméable.

Quand il faisait froid, ma Mère nous mettait dans chaque poches une pomme de terre cuite, chaude, que nous tenions dans les mains, ce qui nous empêchait d'avoir froid au mains, malgrés les mitaines de laine tricotées par Maman. A la récrée, nous pouvions manger les patates. Quand nous n'avions pas de "patates"  des silex chauffés dans le four de la cuisinière à charbon (c'était l'unique source de chauffage de la maison), avant de partir. Plus rien à manger à la récrée, mais la chaleur tenait plus longtemps.

A midi, nous rentrions à pieds pour déjeuner. Les cantines n'éxistaient pas. Aussitot mangé, il fallait repartir. Ceux qui habitaient plus loin, mangeait sous le préau, la gamelle, que leur mère avait préparée.

Au début, pour chauffer la classe, nous devions ammener chacun son tour, du bois ou du charbon, pour le poele qui était au milieu de la classe. Ceux qui ne pouvaient pas, étaient de corvée d'allumage et de maintien du feu dans la journée. C'était mon cas. Donc j'arrivais plus tot pour allumer le poêle.

                                                                 

Les bons èlèves, étaient devant, pas trop loin du poêle, les mauvais, plus éloignés, derrière. Quand nous étions punis, nous devions être présent plus tot le matin, pour fabriquer l'encre dans une bouteille en verre, (la matière plastique n'éxistait pas) et remplir les encriers, pour la journée. Attention, à ne pas se tacher....ou à tacher les bureaux en bois, où les encriers étaient encastrés. D'ailleurs, chaque samedi aprés midi (éh oui, nous allions à l'école le samedi), aprés la récrée, nous devions nettoyer et cirer les bureaux. Avec un morceau de vitre cassée, nous grations le dessus du bureau, pour enlever la crasse de la semaine, avant de le cirer. Aprés, si nous avions un peu de temps, l'instituteur, nous jouais du violon, le samedi avant la sortie. Le jour de repos, était le jeudi.

Deux fois par an, nous préparions de la colle à papier, avec de l'eau et de la farine, pour plier et recouvrir les livres avec du papier bleu, pour les protéger car ils étaient prétés par l'école et ils devaient servir l'année suivante,à d'autres. Le papier était acheté avec l'argent de la coopérative de la classe. Nous versions, "vingt sous" chaque année pour la coopérative.

Quelques fois, en début d'année, nous recevions un ou deux livres nouveaux, presque neufs. J'avais toujours l'impréssion que j'allais en apprendre plus. Mais le plus souvent, ils étaient dans un état minable, mais encore utilisables. Des fois, nous savions à qui il avait été prêté les années précédentes. Certains avait marqué leur nom, ce qui était interdit. Parfois, il avait appartenu à un grand que nous connaissions et qui avait quitté l'école depuis longtemps. Deux fois par an, nous demandions cinq "sous" à Maman, car il y avait cinéma à l'école, dans une classe. Nous tirions les rideaux bleu foncé, en toile de la classe, pour faire l'obscurité. Nous attendions ça avec impatience, car nous savions que nous allions voir la suite de l'année précédente : Perlin et Pinpin les joyeux nains, en noir et blanc et en muet, évidement .

                                   

 Les paroles inscrites en bas. J'entends encore le bruit du projecteur. Le film s'arretait en plein milieu de l'histoire. Mais c'était pour changer la bobine, pour voir la suite.

Le samedi, une heure avant la sortie, c'était "la lessive"comme disait Mr Robert l'instituteur. C'est à dire qu'il réclamait les punitions données dans la semaine. Si c'était pas fait...Pas grave...Elles étaient doublées, pour la prochaine lessive. Là, il y en avait qui se faisait au culotte... Moi le premier...

Un bon souvenir, quand même... Le dernier jour d'école avant les vacances. Nous passions la journée dans la cour. Aux récréations, nous jouions à la toupie. Pour moi, c'était mon Père qui me les fabriquait dans du bois de frêne, taillée au couteau. On jouait beaucoup aux billes, aussi. Mais ce jour là, nous allions bruler de vieux cahiers, en faisant la ronde autour du feu, chantant "vives les vacances, plus de pénitences, les cahiers au feu, le maitre au milieu". Nous étions tous des champions, aux billes. C'était des billes de couleurs en terre cuite. Certains se constituaient un vrai magot et se payaient une réputation. Plus tard, il y a eu les"agathes"

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repère 5

Les vacances, durait trois mois. Ma soeur et moi nous savions que nous irions passer une semaine à Bordeaux chez Tonton Abel Videau et Tata Marie-Louise, qui habitaient rue Bonnefin à la Bastide. Nous étions des privélégiés. Nous savions que nous irions, une journée à la mer, à Arcachon, à Perreire, éxactement. Pour y aller, nous prenions le train à la gare de la Benauge (qui n'éxiste plus) vers huit heures du matin, direction Arcachon, chargés comme des mules, car il fallait faire suivre le nescessaire, maillots, serviettes, nappes pour pique-niquer, le manger pour midi et quatre heures, l'ambre solaire, les casquettes, etc... De la gare d'Arcachon au parc Peirreire, nous marchions pendant une heure. Une fois arrivé, Ambre solaire sur tout le corps, la casquette. Toutes les cinq minutes, Maman nous enduisait à nouveau d'huile; Dans l'eau, nous n'avions pas le doit de dépasser le nombril. Sauf quand ma Mère venait avec nous pour essayer de nous apprendre à nager. J'aimais pas, mais c'était obligatoire. C'était la leçon annuelle façon Maman. Une main sous le menton, l'autre sous le ventre, allongé sur l'eau, et allez mon kiki, fait la grenouille, même si parfois tu te retrouvais hors d'eau.  Ma soeur, il ne fallait pas qu'elle pleure, elle avait un problême aux yeux et portait des lunettes noires. Malgrés tout, elle y a eu droit. Il était interdit de se baigner pendant la digestion. Baignade trois heures aprés. Juste le temps de se baigner un peu, il fallait repartir à pieds à la gare d'Arcachon pour rentrer à Bordeaux. J'avais fais le plein de souvenirs pour un an, la promesse en poche de revenir l'an prochain. Maintenant que je connais bien l'endroit, je me demende si aujourd'hui je referais ce trajet à pieds, entre la gare d'Arcachon et la plage ou nous allions. Malgrés tout, une fois j'avais attrapé un sacré coup de soleil. Le soir, pleurs, fièvre, impossible de se coucher dessus, malgrés la crême apaisante (?) C'était de notre faute, nous n'avions pas écouté.

De retour à Bordeaux, Gare St Jean,, il fallait rentrer à pieds. Nous empreintions la passerelles StJean pour traverser la Garonne et rejoindre la rive-droite. 1/2 heures aprés, nous étions rue Bonnefin ou nous attendaient Tonton Abel et "Grand-Père" Duval qui était aveugle depuis l'age de vingt et quelques années, l'oeil enfoncé par un coup de corne d'une vache. Il mourru à cent ans, moins quelques jours. Malgrés la fatigue, j'aimais bien passer par la passerelle Eiffel, au contraire, j'y voyais des pêcheurs d'Alose, à la ligne. Je me souviens qu'un de ceux là, m'avait dit qu'il pêchait au gruyère. De nos jours la passerelle a été conservé, mais est interdite.

Je m'aperçois en écrivant ces lignes, que tout au long de ma vie, des moments comme celui-ci ont une importance dans le déroulement de mon éxistance. Comme des jallons...La religion, Bordeaux, Arcachon, la mer, la pêche, le tour de France, etc...et plus tard, les courses cycliste, le rugby, etc...etc...

Au bout d'une semaine, il fallait faire la valise et rentrer chez nous, ou nous étions si bien, finalement, dans notre deux pièces-souillarde. Je ne me souviens plus du tout, comment nous rentions de la gare d'Angoulême à la maison...Pas en voitures, pas en taxis, ça c'est sur ??? Je crois que c'était à pieds.

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repère 6

Nous habitions 148 route de Paris à Pisany, commune du Gond-Pontouvre. Au bord de la route, un large trottoir d'environ six mètres nous séparait de la chaussée. En face de la maison, de l'autre coté de la route de Paris, il y avait une trés petite gare  . Sur le mur, de coté était peint le nom de Pisany. Seule une "micheline" s'arretait, une fois par jour, pour y descendre deux ou trois personnes . Deux fois par semaine un train de marchandises à vapeur, y faisait un arret, le temps de permettre à un employé de se mettre au milieu de la route, avec un drapeau rouge, pour stoper,éventuellement, les voitures et surtout les cyclistes, qui auraient été tenter de passer à ce moment. A partir de là, la voie férrée circulait au milieu de la route Nationale et montait la cote, jusqu'au Pontouvre, au moulin Bourlion. Quand le train était complètement engagé, sur la route, le cheminot sautait sur le marche pieds à l'arrière du dernier wagon, et le trafic (?) pouvait reprendre. Une lampe à carbure à verre rouge, était fixé à l'arrière du train.  Quelques années plus tard, la petite gare fut désafectée et ouverte à tous vents. Le plâtre des murs était gravé de plein de mots et de dessins. L'endroit servait aussi à faire les besoins naturels et ça puait. Nous faisions attention pour poser les pieds, quand nous allions chercher des bouts de plâtre pour tracer les jeux de la marelle, sur le trottoire de "chez Fonchain". Juste à coté de chez nous, à droite. Nos voisins la famille Fonchain, gros et riches commerçants en gros dans l'alimentaire. A gauche, attenant à notre "chez nous" la  conserverie Luce, qui fabriquait des pâtés, des tripes, et aussi du savon de Marseille. Je me souviens des odeurs que cela pouvait dégager. De la bonne odeur du pâté à la puanteur de la fabrique du savon. Devant chez Fonchain, le trottoire était cimenté. C'était notre aire de jeu, à ma soeur et moi (nous étions inséparables), quand nous étions devant. Ma mère pouvait nous surveiller facilement. La porte d'entrée de chez nous, était vitrée. Un volet, nous permettait de fermer le soir. La fenêtre de l'unique chambre donnait aussi sur la route. Un énorme glycine bleue encadrait la porte et parfumait l'entrée. Elle attirait beaucoup de foumies avec lesquelles je jouait, assis sur le seuil de la porte...

Nous entrions de plein pieds dans la piece principale qui servait de séjour, de cuisine. Le sol était en plancher ciré. Il fallait "prendre" les patins. A droite la porte de la chambre. Dans la piece principale, à gauche se trouvait la table (qui existe toujours), la gazinière, un évier en pierre ou nous faisions notre toilette aussi. sur le mur de gauche, la cuisinière blanche à charbon qui servait à chauffer les deux piéces et aussi à faire mijoter les bons plats, ou à faire bouillir le linge dans la lessiveuse. En face, la porte d'une souillarde de deux mètres sur trois, qui nous servait à mettre les conserves, les balais, et à laver le linge, à la mains (le lave linge n'éxistait pas). C'était aussi l'endroit ou nous mettions en conserve la sauce tomates que nous fabriquions et que nous conservions dans des bouteilles de verre. Dans la souillarde, il y avait, aussi, un évier en pierre, encastré dans le mur, devant la petite fenêtre. Mon Père y avait fixé une pharmacie, qu'il avait fabriquée, lors d'une permission.

Dans la piece principale, sur le mur d'en face, de la pièce principale, un buffet. Le buffet ou se trouvait la vaisselle. Sur le mur de droite (coté chammbre), la machine à coudre Singer. Pour faire sécher le linge, ma mère l'étendait sur un fil, dans le jardin, dèrrière la maison.

Dans la chambre, une tapisserie à grosses fleurs bleues, que j'ai toujours en mémoire. A gauche, mon lit d'une place, en face un grand lit, celui de mes parents et à droite, derrière la porte, celui de ma petite soeur. Au bout de son lit, la fenêtre qui donnait sur sur la route. Une armoire complétait le mobilier de notre chambre. Les cabinets, comme on disait, étaient dans le jardin, derrière la maison. La nuit, nous avions le seau hygiennique que nous allions vider dans le jardin, tous les matins. Il fallait sortir sur le trottoir, passer devant la conserverie, tourner à gauche, chemin de la Garenne et rentrer dans "la cour" afin de rejoindre le jardin et le wc. Les cabinets étaient une cabane d'un mètre sur un mètre et demi, environ, construit en bois traité au brou de noix, qui sentait le "grésyl". Une ouverture en forme de losange ornait la porte et servait de "judas". A l'interieur une grande planche trouée, servait à s'asseoire, pour faire ses besoins. Un couvercle rond servait à boucher le trou. Par derrière la cabane, on pouvait sortir le gros bidon quand il était plein, pour le vider et l'épendre dans le jardin, avant de retourner la terre et la cultiver. J'étais chargé de maintenir une quantité suffisante de feuilles de papier journal, accrochées à une pointe. Pas de rouleaux de ph, comme de nos jours. Plus tard, vers mes onze ans, des rouleaux de papier "bulcom" marron sont apparus (une vrai toile émerie). En général, je m'en occupais le Jeudi ou le Dimanche. Je découpais la "Charente Libre" en feuilles de quinze sur quinze environ, que j'accrochais à la pointe.   Quand maman partait faire les courses à l'épicerie (pas encore de super-marché) en haut de la cote, j'étais chargé de m'occuper de ma petite soeur et de maintenir le feu de la cuisinière, en rajoutant des boulets de charbon si besoin. Interdit d'ouvrir à quiconque. Pour remplir le seau à charbon, la réserve se trouvait dans la cour, derrière.  Pour y aller  quand il faisait noir, nous nous éclairions avec une lampe de poche à pile. Je me souviens d'ailleurs de la pub des piles "Mazda": la pile mazda ne s'use que si l'on s'en sert. C'est pas beau, ça, comme pub. Mazda, était la seule marque de piles qui existait, a ce moment là.  Il fallait maintenir la bouilloire au chaud, en permanence, sur la cuisinère, car c'était la seule source d'eau chaude, pour se laver ou faire la vaisselle. Le premier chauffe-eau que nous ayons eu, c'est quand nous sommes venus habiter Cenon, prés de Bordeaux en 1955.

Nous dormions, quelques fois avec ma mère. Un jour, on a appris que mon Père allait revenir. Je me souvenais pas bien de lui, cela faisait trois ans qu'il n'était revenu à la maison. à part quelques photos qu'il nous envoyait. Je devais avoir  quatre / cinq ans. C'était l'éxitation la plus complète et l'inquiètude, en même temps. Quand il a frappé à la porte, j'ai cru que c'était un gendarme qui arrivait, avec sa casquette et son uniforme . Je me suis caché sous la table. Je ne voulais plus en sortir... Nous n'avions pas de télé à cette époque, pas de machine à laver, pas de lave-vaisselle, pas de sèche-linge, pas de moulin à café électrique, pas de sèche-cheveux, pas de voitures, pas de salle d'eau, pas de douche, pas de chauffage individuel, etc...Mais nous avions la TSF, la lessiveuse, les lampes à pétrole, le moulin à café à manivelle de marque Peugeot, les vélos, un evier et une cuvette pour se laver, un jardin pour faire pousser les légumes. Tout allait bien... Quand mon père est repartit, il m'a manqué de suite. Il repartait pour deux ans, faire le tour du monde sur la Jeanne d'Arc.

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repère 7

Avant de prendre la décision de s'engager dans la marine, il avait quitté la ferme familiale, et était parti en vélo, pour aller travailler à électrifier le Béarn dans la régions de Morlaas. C'était l'époque ou l'électrification des campagnes battait son plein. Un jour, il a eu envie de nous montrer les lieux ou il était hébergé à Montaner. Nous y sommes allés... Je sais, que ce jour là, il était heureux de nous dévoiler un peu de lui...un peu comme je le fais, ici... Il a essayé de retrouver des personnes en questionnant la patronne du café qu'il a reconnu, ou il avait passé du temps à ce moment là. Yannick, bébé, était du voyage... Angoulême, Morlaas en vélo...qui de nos jours, le ferait ? En tous cas, pas moi. Malgrés tout, Il était nostalgique de cette époque.Quelques temps aprés s'être marié avec ma mère, il signait son engagement dans la marine nationale. "La Royale" comme on disait à l'époque. Il est parti comme simple matelot. Il y apprit vite le métier d'électricien et commença à gravir les grades, petit à petit. A la fin de sa carrière, il était officier et décoré de la légion d'Honneur, mais pas celle des vedettes ou sportifs, la vraie...Ma mère l'a rejoint au Maroc, où il était basé, puis en Algérie, à Oran, où je suis né. Lui était basé à MercelKhébir, pas loin. Donc, comme j'ai toujours dit; J'ai voyagé, neuf mois, en ballon. Ma mère m'a raconté que nous habitions rue EL Moungar au premier étage, en location, chez un docteur, au dessus d'une concerverie de dattes et figues. J'en ai souvent entendu parler, j'ai même vu des photos...

Si on est rentrés rapidement en France, j'y suis pour quelque chose. C'était encore la guerre, et j'ai fais un début de méningite, et le climat ne me convenait pas. Le docteur conseillait à mes parents de me rapatrier rapidement. Mon Père a réussit à trouver un avion bombardier que pilotait un de ses copains, et qui rentrait en France pour continuer la guerre. Il a convaincu le commandant, qu'il connaissait aussi, de nous prendre à bord en clandestins. J'avais un an. Ma mère m'ayant caché sous son manteau, nous nous sommes retrouvé dans le nez de l'avion, direction Marseille. L'aterrissage à Marseille n'étant pas possible, nous nous sommes posés à Lyon. Ma mère à réussi à rentrer à Angoulême, par étapes, aprés avoir déjoué, pas mal de pièges ennemis, et avoir raconté pas mal de bobarts aux "boches" comme on disait alors. Nous nous sommes retrouvé chez les Videau, les cousins à Bordeaux - Bastide, avant de terminer en train, le périple chez tonton René, le frêre de Maman, au Gond-Pontouvre. D'aprés ses récits,on peut dire que ma Mère à risquée plusieurs fois sa vie, dans cette opération.

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repère 8

Je n'ai pas connu ma grand-mère maternelle, par contre, je me souviens avoir vu vaguement, une fois mon grand-père. Il était venu en vélo, à Angoulême, à la foire, faire un achat. Il n'est même pas rentré. Cinq minutes. Je suppose qu'il était préssé ? Je le revois dans l'encadrement de la porte, avec une casquette grise à carreaux, le bas de pantalons, pincés par une "pince à vélo", il portait la moustache, à la gauloise, qui remontait à chaque extrémitée. Je ne me rapelle pas de son visage. Je n'ai pas du tout connu mes grands-parents paternels, et trés peu entendu parlé d'eux. En tous cas, pas par mon Père. Un jour on nous a confiés à Tata Madeleine (je n'ai jamais su vraiment le lien de parenté) qui habitait pas loin de chez nous, pour la journée. J'ai appris, bien plus tard, ou plutot, j'ai deviné que ma mère était à l'enterrement de son Père. Y'a toujours eu un mystère autour de cette Tata Madeleine. Chaput, le copain de mon Père, avait une moto. Une Terrot. Quand mon Père était en permission, il nous enmmenait sur sa moto, dans la famille. J'étais assis à califourchon sur le réservoir (à lépoque on avait le droit) et mon Père sur le siège arrière. Une fois, nous étions allé chez un de leurs amis qui était menuisier. Pendant qu'ils bricolaient à fabriquer des pieces en bois pour faire un meuble( la pharmacie) je jouais à la balançoire qui était devant l'atelier. Je jouais à m'entortiller en vrille juqu'a me lacher, pour tourner comme une toupie. Au bout d'un moment, j'ai eu envie de vomir. Ils m'ont donné un petit verre à goutte, d'eau de vie, pour me remettre. T'as raison, oui, j'étais saoul. Je devais avois six / sept ans.

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Je me souviens, du grand monsieur, en cuissardes, qui passait toutes les semaines devant la maison pour aller à la pêche dans la Touvre (affluant de la Charente) qui passait à un kilomêtre de chez nous. Je savais qu'il pêchait sous le pont de "Foulpougne". Il attrapait des truites qu'il revendait à ma Mère, à son retour.

 J'allais à la messe tous les dimanches et au "patronnage"à la chapelle du Gond, le Jeudi . Avant de descendre le petit chemin qui menait à la chapelle, juste aprés le pont de la Touvre, je m'arrettais, toujours pour chercher et voir les truites qui se dissimulaient dans les longues herbes qui ondulaient dans l'eau claire, juste avant la roue à aubes du moulin de Rivet. J'avais appris, par le grand monsieur, que quand on pêchait une truite à un endroit, elle était toujours remplacée par une autre, au même endroit. Effectivement, je l'avais constaté.

En descandant à la chapelle, il y avait un moulin en activité. Le courant de la Touvre entrainait une roue à Aubes, qui entrainait tout le mécanisme du moulin pour moudre le grain. Je pense que les truites y trouvaient de la nourriture. J'aimais l'odeur qui flottait en passant devant ce moulin.

Le garde-champêtre, passait dans la rue, régulièrement, mais souvent le Jeudi pour annoncer les décisions du conseil municipal.   

Des fois, aussi il annonçait le programmes de la "Frairie". C'était le seul moyen de communiquer, car les affiches étaient rares. Il arrivait en vélo, le tambour en bandoulière, s'arretait à chaque "paté" de maison. Il se postait au milieu de la route de Paris et aprés un long roulement de tambour, attendait que la population sorte pour l'écouter. Il commençait toujours son discours, par la même phrase ; Avis, à la population....et terminait toujours, par; Qu'on se le dise... et terminait par un roulement de tambour. Il sautait sur son vélo et allait plus loin recommencer. Entre chaque sujet, il faisait un court roulement de tambour, pour bien séparer les annonces.

Tous les ans, il annonçait, un moment trés attendu de tous, La cavalcade. Il annonçait... - "La cavalcade du Gond-Pontouvre, aura lieu le 15 Mai, le rassemblement des chars aura lieu à 12h sur la place de la Touvre, le départ aura lieu à 14h. Le parcours sera le même que l'an dernier et se terminera au bord de la Touvre, où sera jugé, condamné et brulé, sa majesté Mardi-Gras, en présence de Monsieur le Maire. Le soir aura lieu un grand bal avec l'accordéonniste Marc Laférrière et son orchestre....Qu'on se le dise..."  Parfois, il était invité à boire un coup, chez l'un ou chez l'autre. Il ne refusait jamais un verre de rouge...

La veille de la cavalcade nous participions à la "retraite aux flambeaux". J'adorais. Je me tenais à carreau, toute la journée pour pas que ma Mère  me refuse d'y participer. Nous défilions  devant la fanfare, tenant fièrement un long baton, ou était accrochés deux lampions en papier avec une bougie allumée à l'intérieur. Magnifique. Au passage, les parents et la population emboitaient le pas et defilaient au rythme de la musique, derrière la fanfare. Croyez moi, ça valait largement une soirée TV d'aujourd'hui. 

                                                  

Pour la cavalcade je me déguisais avec une robe de ma mère des souliers à talons hauts, un foulard sur la tête et un masque de canard, en carton bouillit. Pas génial, mais un masque nous faisait plusieurs années.

Pour le jour de Mardi-gras, il n'y avait pas école. En fin d'aprés midi, nous nous déguisions et nous partions à plusieurs, visité les voisins. Nous étions attendus, c'était la coutume. Nous avions un panier en bois ou en osier que nous avait vendu des "romanichels" et les gens essayaient de nous reconnaitre. Ils nous offraient des crêpes, des beignets, des oeufs de poules, certains des bonbons... C'était la tradition. Une fois, une amie de ma Mère, une couturière, m'avais prété le costumes de cow-boy de son fils, avec lequel il avait eu le premier prix des plus beaux costumes. J'étais persuadé de gagner, aussi...Eh bien, non...deuxième.

Pour la cavalcade, il faisait toujours beau. Ma mère nous habillait avec le costume et les chaussures du dimanche. Le pantalon de l'hiver, était devenu un short, et  des socquettes. Les chaussures étaient souvent devenues trop petites. Elles ne grandissaient pas, nous, oui.

                        
 Nous emboitions le pas du char de notre quartier et nous voila partit pour un long périple d'au moins sept ou huit kilomètres, fanfare en tête. Au passage devant la maison, je quittait les souliers pour de bonnes charentaises. Pas fier ... pas élégant, mais à l'aise, Ouf !. Nous terminions vers six heures du soir par le jugement de Mardi-gras, condamné, brulé, et jeté dans La Touvre. Toute la population était là. Mardi-gras était amené sur le podium, par des bourreaux habillés de rouge, le juge commençait à lire la sentence et le condamnait à être brulé vif. Alors, les bourreaux mettaient le feu et le poussaient dans la Touvre ou il dérivait enflammé, accompagné par des dizaines de barques à fond plat, décorés de fleurs multicolores, en papier. Quand il finissait de bruler et disparaissait, la foule se dispersait et chacun rentrait chez lui pour souper. J'avoue que ce jugement la condamnation de Mardi-gras, me laissait toujours un peu triste...Le juge, était souvent Tonton René. Le soir, nous allions écouter la musique, au bal. Nous avions la possibilité de rentrer sous le chapiteau, Tonton René était à l'entrée, mais nous restions dehors, sous les lampions multicolores. De toutes façon, nous ne restions pas longtemps. Des fois, je regardais des personnes descendre les lampions, pour changer les bougies, en faisant attention de ne pas mettre le feu au lampions en papier. L'orchestre jouait sans amplis et le chanteur sans micros. Ce n'est que quelques années plus tard, que les bals étaient équipés électriquement. La veille avait eu lieu l'élection de la miss du village, et de ses demoiselles d'honneurs. Un char de la cavalcade était construit pour faire défiler la miss.

                                                                   

Le jeudi, pas école, mais jour important, car il y avait cathéchisme le matin et patronnage l'aprés midi. Mais avant de partir au cathéchisme, il y avait le passage du laitier, le Père Chazeau, qui me prenait avec lui à l'avant de sa cariole, il me laissait guider le cheval, de maison en maison. Chacun se présentatait avec sa casserole de un litre ou deux. Il servait les clients en prenant le lait dans des braux, avec une mesurette de 1/2/litre et se faisait payer de suite...pas de crédit. Le lait, même si il était de la veille ou du matin même, il fallait le faire bouillir de suite, pour qu'il ne tourne pas. Pas de frigo à la maison. Au retour, il déposait devant la maison, puis je fonçais au cathéchisme. J'aimais pas, car j'avais jamais appris les leçons. A Jeudi ! Gigil !  D'accord Père Chazeau ! Nous le connaissions bien, c'était le beau père de Tonton René.

Tonton René était mon parrain. Tata Maria, ma Marraine. Mon deuxième prénom est Alain, car mes parents voulaient m'appeller Alain, mais comme Tata Maria venait d'avoir un petit Alain, ils ont changés de Prénom. Mon troisième prénom est René, comme mon parrain. Tout le monde m'appellait Gigil, sauf un. Mon père, qui m'a toujours appellé Gil.

Au retour du cathé, je rentrais en courant pour rattraper le boulanger qui me laissait sauter sur le marchepieds à l'arrière de sa charette. Pendant qu'il livrait le pain à ma Mère, je déposait mes affaires et remontais derrière la cariole et en voiture, je terminais sa tournée avec lui, bien accroché à la porte.

                                                                  

Je me souviens encore de l'odeur du pain. J'en profitais pour manger des miettes et des croutes tombées sur le sol. J'en ai encore le gout. Jamais, je n'ai retrouvé de pain aussi bon, fabriqué avec du bon blé, sans produits, pure, pas mélangée, travaillé à la main et cuit dans un four à bois. Les pains était de gros pain de quatre livres, qui se conservait plusieurs jours. Il le fallait, car le boulanger ne passait que deux par semaine. Le boucher, Mr Bissériex passait tous les dimanche matin. Il abattait lui même les bêtes élevées chez les paysans du coin. Pas d'aliments de forçage, seulement élevées dans les prés. La viande était rouge, le gras blanc, et délicieuse. Le dimanche nous attendions son passage, pour pouvoir partir à vélo, dans la famille. Même si pour nous c'était encore un peu cher, ma Mère achetait un beau steack pour sept ou huit. Nous n'arrivions jamais les mains vides. Un dimanche chez Penot, un dimanche à Argence. Dès que Violette a pu faire du vélo, nous partions, chacun son vélo, mais jusque là, ma Mère la portait sur le porte-bagages. S'il fallait, nous montions les côtes à pieds, mais c'était rare. Quand mon Père était en "perm" et que j'étais plus petit, il me portait devant lui, sur la barre du vélo, ou il avait fixé une selle. Je me tenais au guidon. Une fois, j'ai mis les pieds dans la roue avant et nous nous sommes étalés, lui et moi, sans se faire mal..Le vélo de mon Père était vert, c'était un vélo de courses, qui avait appartenu à René Vietto, un champion français, vainqueur d'étapes au tour de France. Le programme du dimanche; Messe ( j'étais enfant de choeur) retour à la maison, départ à vélo dans la famille, retour le soir...

J'aimais conduire les charettes tirées par des chevaux. Il fallait d'abord desserer la manivelle du frein qui frottait sur le fer de la grande roue, et tirer sur les deux raines pour faire avancer le cheval en criant "hue". Pour aller à droite, je tirais la raine de doite et pour aller à gauche, celle de gauche. Pour s'arretter je tirais les deux raines en criant "hoooo" et dés l'arret, ne pas oublier de tourner la manivelle du frein. J'avais quand même peur que le cheval s'emballe. J'en avais déja vu. Chez Penot, chez mon Tonton Omer il y avait "Junon" la jument. Elle était noire. Pourquoi "Junon" ? Parce que le sous marins ou était embarqué mon Père s'apellait "Junon". Mon Père était trés aimé de tous, partout,  s'était devenu le grand homme de la famille. Etait ce que, parce que lui avait osé quitté le monde paysan, était devenu quelqu'un. Il était aussi apprécié pour ses talents de bricoleur, d'électricien, je ne sais pas, mais dans la famille s'était un dieu. C'était, une "tête". J'ai su aussi que dans sa jeunesse, il se faisait respecter dans les bals et les frairies. Des paysans m'ont dit; Quand "les Champnier" débarquaient, ça fillait droit. Certains l'on vu coller une volée à des gros bras.

Donc, Junon, la jument, servait à labourer, à faucher, tirer les charettes à foins, tirer des troncs d'abres, etc...c'était un bien précieux, à l'époque.

Tonton Omer, cultivait son blé, le récoltait, le rendait en farine, le pétrissait et faisait son pain lui même, une fois par semaine, dans une grange ou se trouvait un super four à bois, un Guyon.

                         

Plus tard, une entente avec le boulanger du village était en place. Il lui fournissait une certaine quantité de blé, et en contre partie le boulanger lui livrait du pain toute l'année. Je me souviens du boulanger, il s'appelait, Monsieur Cheminade, il livrait le pain, avec une sorte de voiture à trois roues. Une roue directrice devant.

                                                 

Une fois par an, Maman, nous reveillait vers trois heures du matin, pour voir passer les courreurs du Bordeaux-Paris la course cycliste la plus populaire avec le Tour de France. Nous nous mettions à la fenêtre de la chambre pour voir passer la vingtaine de coureurs. Ils étaient encore groupés, car la bagarre commençait vraiment à Chatelerault où "les derny" intervenaient dans la course. Un deny, c'est un velo à moteur à essence, réservoir, devant le guidon, piloté par un gros en général. Chaque coureur, s'abritait derrière son derny, à l'abri du vent et réglait la vitesse désirée, par la voix en donnant l'ordre d'accélérer ou de ralentir au pilote. L'arrivée avait lieu à Paris au Vel d'hiv qui n'éxiste plus, remplacé par Bercy.

                                           

Je me souviens, de voitures suiveuses qui fonctionnait au gaz ou à vapeur. Les autos à essence arrivèrent vite. Avec elles, les stations services aussi. Une station Caltex s'installa juste en face de la maison, à l'emplacement de la petite gare. J'avais un copain de plus. Pierrot Robin. Combien de fois ai-je pu dessinner l'étoile à cinq branche de la Caltex                                                                                                                                                                                          

Un peu plus loin, aprés chez Fonchain, sur le même trottoire que chez nous, une station, plus grande Shell. Nous entendions bien, avec Pierrot, surtout pour faire des bétises. Nous aimions bien boucher en cachette, le pot d'échapement des Simca, Panhard, ou des tractions avant Citroên, avec un patate, pendant qu'il faisait le plein. Souvent de démarage était difficile et la patate partait comme un coup de fusil. Le client ne comprenait pas, descendait et faisait le tour de la voiture. A chaque fois, nous étions punis, par Mr Robin, mais ça ne nous empêchait pas de recommencer de temps à autre.

Ce que j'aimais faire aussi, avec Pierrot, c'était de se planquer derrière une vouture garée en bord de route, de placer un porte-monaie sur la route, bien en vue, attaché à du fil de pêche, que l'on passait sous la voiture. A chaque fois, qu'un cycliste arrivait, on se baissait, automatiquement, il s'arrettait pour ramasser le porte feuilles, et au moment ou il allait le prendre, nous tirions sur le fil et l'objet disparaissait. On le récupérait et nous prenions la fuite. Une fois, y'en a un qui a essayé de nous poursuivre à vélo, mais il s'est cassé la figure. Il a prévenu ma Mère de suite... Puni le Gigil. Une fois, nous avions crevé notre ballon de foot, qui s'était décousu. Nous l'avions placé sur le trottoir avec un gros caillou dehors. Nous avions oublié de l'enlever en rentrant le soir à la maison. C'est le Père de Pierrot qui a mis un grand coup de pied dedans pour le ranger. Résultat; deux orteils cassés. Interdiction, pendant un mois de se voir Pierrot et moi. Mais nous nous retrouvions sous le pont de Pisani pour faire la route de l'école ensemble. Le cathéchisme se tenait chez une vielle grenouille de bénitier à deux cent mètres de chez nous, mais avec Pierrot, nous mettions une heure pour rentrer.

Un grand souvenir, aussi, c'est la fois ou nous étions allés voir passer le Tour de France à Archiac, pas loin de Cognac, en Charente Martime. Nous étions partis au lever du jour, avec la voiture de Mr Rousseau, un voisin. Une voiture gazogène, avec une chaudière à bois ou à charbon sur le coté. Avant de partir, il fallait faire bruler du bois dans la chaudière. Quand la pression était bonne, nous pouvions démarer. Je devais avoir sept ans. Le pique-nique  était prêt dans un panier d'osier. Les pneus étaient pleins. Pas de risque de crevaison. Les phares ou lanternes étaient en cuivre.

                            

C'était la première fois et la dernière que j'utilisais ce genre voiture. C'est aussi la seule que je me souvienne.

Quelques années aprés, nous sommes allés voir le Tour à Cognac avec Mr Guionnet de la famille de Tonton René qui était du voyage. Dans son"tube" Citroên, il avait installé à l'arrière, deux bancs en bois, pour qu'on puissent tous être assis.

                                           

Ce jour là, j'avais ramené des souvenirs de la caravane publicitaire. Des chapeaux en papier avec la pub, Kub, La vache qui rit, des buvards, et un paquet de chewingum Hoolywood. C'était un beau butin... J'avais vu, aussi Yvette Hornner juchée sur la voiture, jouant de l'accordéon, Surtout, j'avais ramassé la musette qu'un courreur avait jetté. Plus tard, Je l'ai gardé et même employée quand j'ai commencer les courses cyclistes à quatorze ans. J'avais été impressionné par la démontration des motards de la gendarmerie qui étaient passés debouts sur la moto, sans se tenir. La réclame qui était inscrite sur la musette était celle des cycles La Perle. Plus tard, quand j'ai commencé les courses, mon vélo, était un La Perle. C'était le plus beau vélo et le mieux équipé du moment. Bobet, Anquetil, Merckx, plus tard courraient sur La Perle. Il était rouge métal.                                                                                                     Mon vélo, mon maillot

Ce vélo, c'est mon Père qui me l'a payé. C'était une promesse. Si j'avais le Certificat d'études. Et comme il était en permission le soir de la publication des résultats, il n'a pas pu faire autrement que de s'acquiter de sa promesse.

Entre temps, j'étais enfant de choeur, à la chapelle du Pontouvre.

Le curé, l'abbé Roche, était jeune Il a réussit à nous faire aimer la religion, au point de vouloir être curé, comme lui. Le jeudi aprés midi, il y avait patronnage. J'étais Coeur-Vaillant , je suis devenu chef de groupe. Je portais une étoile dorée sur mon berret. Mon groupe avait été baptisé le groupe Maréchal Foch. J'avais choisi le nom et la couleur de notre drapeau et de notre foulard que nous portions autour du cou, attaché avec un "coulant" en cuire tréssé. Les couleurs étaient le marron bordé de orange. Nous organisions des jeux de piste, grande échelle, groupe par groupe. Il fallait que nous soyons les premiers. Question de suprématie. J'aimais ça...

Tous les ans, nous partions une semaine, encadrés par des grands et le curé, l'abbé Roche. Avec l'autorisation parentale, bien sur. Nous partions en rangs, le long des routes, en chantant. Le soir nous plantions des tentes dans des prés, auprés d'un village, pas loin d'un ruisseau ou d'une rivière.

                                

Le repas, nous le préparions rapidement avec ce que nous avions fait suivre, et aprés une bonne nuit réparatrice, et aprés "les couleurs", nous allions tous se laver et laver le linge, dans le ruisseau.

                                

Une équipe partait dans des fermes alentours, demander de quoi manger. Légumes, fruits, etc... Une autre était chargée de préparer le repas. Aprés le repas, sieste obligatoire (hum !) Ensuite nous mettions en place le spectacle que nous allions donner sur la place du village, le soir même, autour d'un feu de bois. Il y avait toujours du monde, et tous appréciaient les sketchs que nous jouions. Aprés nous faisions une quète, qui nous permettait d'achetter le pain et quelques victuailles. Le lendemain, nous partions pour un autre village, ou nous recommencions. Le troisième jours, nous nous établissions pour le reste du séjour. Je me souviens avoir visiter une grande fromagerie qui fabriquait des camemberts, c'est là que j'ai découvert les camenberts, un peu durs, platreux, que j'aime toujours de cette façon. Ces séjours m'ont beaucoup apportés. Il fallait tout faire. Laver son linge, planter les tentes, faire la cuisine, respecter les autres, faire la vaisselle, etc...etc..  

                                                   

Pendant des années j'ai été enfants de choeurs, je servais toutes les messes du dimanche à la chapelle du Pontouvre. Comme je l'ai déja écrit, je voulais être curé. Dans ma tête, j'étais déja au séminaire St Michel d'Angoulême. Baptisé, la confirmation, la communion, scout, enfant de choeur, tout y étais...Le fils ainés des "Fonchain" allait être curé. Moi aussi....J'ai même été invité à l'ordonnation d'un nouveau prêtre dans la cathédrale d'Angoulême, qui pour moi, est la plus belle église "romane" de France. Il s'en est fallu de peu.

La chapelle du Pontouvre, ma chapelle, se trouvait, au fond d'une impasse, en bas d'un chemin caillouteux. Avant de m'y rendre, je ne pouvais m'empêcher de m'arreter sur le pont de la Touvre, pour chercher à voir des truites. A chaque fois, j'en voyais. Le pêcheur qui nous vendait sa pêche, m'avait confié qu'à chaque fois qu'une truite se faisait pêcher, une autre la remplaçait, au même endroit, sous la même touffe de longues algues qui ondulaient dans le courant. Et c'était vrai. Donc facile à repèrer.

A l'entrée du chemin qui descendait à la chapelle, à gauche, le Moulin Rivet, du nom du meunier, fonctionnait à l'aide d'une grande roue à aubes, entrainée par la force du courant. Les truites y trouvaient de quoi se nourrir.

Avant chaque messe, l'abbé Roche, me demandait d'aller à l'épicerie, remplir la petite bouteille de vin blanc, que nous donnait l'épicier. Nous y allions à deux. Ce vin servait à remplir les burettes qui servaient à la messe. Une fois, nous avions décidé d'en boire un peu et de le compléter avec de l'eau. Pendant le service religieux, il s'en est aperçu. Il m'a fusillé du regard....Jamais plus nous nous avons été chargé d'allér chercher le vin de la messe.

Nous rentrions dans la sacristie, par une petite cour, sur le coté, pour se préparer pour la messe. J'enfilais une aube rouge, avec une cape courte, en dentelle blanche, pendant que le curé se préparait, lui aussi. Depuis le coup du vin, c'est moi qui sonnait les cloches avant la messe. Il y avait un nombre de coups à respecter. Il fallait se confesser souvent. J'inventais n'importe quels péchés, pas trop graves, comme ça, il me donnait, comme punitions, un ou deux "je vous salut Marie" ou "Notre père". Je sortait du confessionnal, je m'agenouillais, éxécutais rapidement.

Une fois j'avais trouvé une excuse pour pas aller à la messe. J'avais dit à mon copain Jean-claude Fonchain de prévenir le curé. J'étais en train de jouer avec ma soeur Violette, dans la cour, derrière la maison. Qui vois-je arriver ? Le curé, qui venait me chercher en scooter "Lambretta". - Je viens te chercher, je viens de voir ta Mère, elle est d'accord. Tu n'es pas malade.. J'ai vite été enfiler le costume du dimanche, je suis monté derrère le Lambretta et cinq minutes aprés j'étais en tenue, prêt à servir la messe.

Je suis allé revoir "ma chapelle" en 1981, avec Henriette. Quelle déception, elle était fermée, et ne servait plus d'église, elle était devenue un atelier de menuiserie. Je peux dire, que j'avais pris un coup. Une grande partie de ma jeunesse, foutait le camp. Une partie importante... J'y pense souvent...

J'ai fais ma communion à l'église de Lhoumeau à Angoulême. Le repas a eu lieu dans l'usine de conserves que nous avait prétée Mr Luce, le voisin. Malgrés l'odeur, tout le monde c'est bien amusé. Ma Marraine, Tata Maria, m'a offert une montre automatique, tonton René un stylo Watterman, à encre. Toute la famille était présente, même ceux de Bordeaux, sauf, ceux de Champniers qui avaient trop de travail à la ferme. Même mon Père était là, il avait obtenu une permission, pour l'évènement. Ce jour là, nous avions dansé au son du phonographe tout l'aprés-midi. Je me souviens avoir eu trés mal aux pieds, mes souliers du Dimanche commençaient à être petits, que j'ai vite échangé pour des charentaises. C'est moi qui tournait la manivelle du phonographe. Des fois, je ralentissais trop, alors les danseurs râlaient. J'aimais bien ce phono avec son pavillon en cuivre. Au moment du dessert, je me souviens avoir retiré la chaise d'un invité, alors qu'il allait s'asseoir, pour rire. Mais j'ai vite compris que j'avais mal fait. Il s'était fait mal. J'ai pas rigolé longtemps. J'avais compris, mais un peu tard que j'avais fait un bétise...

C'est dans ce local que Tonton René et ses copains construisaient le char du quartier, pour la cavalcade. Les hommes construisaient, chaque soir, l'ossature du char et pendant ce temps les femmes se réunissaient pour faire des milliers de fleurs en papier de différentes couleurs. Quand la structure du char était terminée, il fallait recouvrir le tout avec les fleurs. Quel travail ! mais que c'était beau. Une vingtaine de chars étaient construits dans le plus grand secret, dans les granges du village. Il fallait deux trois mois de travail pour préparer un char.

                                              

Parfois des particuliers faisaient leur char

                                     

Derrière la maison se trouvait la pêtite cour, ou nous jouions, surtout l'été, car il y avait toujours de l'ombre. Dans cette cour, mon Père, je suppose, avait construit une grande cabanne en planches, "le toit" comme on disait, où étaient entreposé le charbon que nous livrait régulièrement le charbonnier. Mme Virouleau, une vielle dame, notre propiétaire, avait prêté, à ma mère un bout de jardin, situé juste aprés les "cabinets". Ma mère cultivait plein de légumes. Les gens qui passaient dans le "chemin de la Garenne" qui suplombait le jardin, s'arretaient souvent, pour admirer le jardin de Maman. Tout le monde faisait son jardin. A l'époque, si tu voulais des légumes, s'était le seul moyén. Haricots verts, tomates, pommes de terre, poireaux, salsifis, radis, carottes, etc...Tout venait du jardin. Le soir, j'aidais ma Mère à arroser le jardin. J'allais chercher l'eau au robinet de Mme Virouleau, dans des arrosoirs en zing (la matière plastique, n'éxistait pas encore) Un de chaque cotés. Et en plus, le robinet était au moins, à cent mètres. C'était lourd. C'est ma mère qui arrosait. Plus tard, j'avais l'autorisation de la faire. C'est elle qui m'a appris que c'était la chlorophile qui faisait les légumes, verts.

Pour moi le mot chlorophile, évoquait, de suite, les chewingums que nous lançaient les soltats américains en passant devant la maison. Les Américains étaient basés  au camp de La Braconne, à une dizaine de kilomètres de la maison. Parfois, un convoi de chars de combats passaient devant la maison, dans un bruit de feraille que faisaient les chenilles. Nous leur faisions le V de la victoire, avec les doigts. Ils nous jettaient des chewings-gum. Ma Mère, n'aimait pas ça. Je n'ai jamais compris pourquoi. J'avais bien vu des "tags" sur les piliers du pont de chemin de fer de Pisani. U S GO HOME. Je n'en comprenais pas la signication. C'était bien? C'était pas bien? Un jour, un convois s'est arretté. Je suis allé voir de près. Il cassaient la croute, juchés sur les chars. Ils mangeaient de grandes tartines de confiture avec des cacahuettes dessus. Un, m'a demandé si j'en voulais. J'ai accepté, avec plaisir. J'ai encore le goût dans la bouche. Je pense souvent à ce moment. Un jour, nous n'avons plus vu, les Americains...J'ai appris, qu'ils avaient quittés "La Braconne"et la France.

Malgrés tout, des convois de camions militaires, continuaient à passer. J'ai appris, que c'était des soldats français qui avaient pris la place des Américains, à la Braconne. Plus de chewing-gum.

Je me souviens qu'un jour, je devais avoir 4-5 ans, un avion avait lâché, des prospectus, des"tracs" fallait dire, par milliers, je m'étais précipité dans le champs d'en face, pour en ramener un max à ma Mère. Je ne savais pas lire, mais, à la réaction des gens, et de ma Mère, j'avais compris, que c'était pas terrible, ou alors, c'était bien. Je me pose encore la question.

Une nuit, vers quatre, cinq heures du matin, j'entends ma Mère qui entrouve doucement les volets de la chambre. Quand elle a vu que j'étais réveillé, elle m'a dit - habilles toi, il y a un cirque qui s'est arrétté. Pendant qu'elle reveillait ma petite soeur, j'avais vite fait d'enfiller mes godillots à clous et mon pantalon golf. J'étais vite sur le trottoir. C'était le cirque Amar. Un convois d'une trentaine de camions-remorques, les uns deriière les autres étaient arrettés sur au moins cinq cent mêtres. Tous les trois, nous avons remonté le convois. Grand souvenir, aussi. C'était la fête. Les remorques, n'étaient pas bâchées. Nous avons pu voir des tigres, des lions des hyppopotames, des éléphants, pleins de singes. Des gens donnaient à manger à certains animaux. C'était la première fois que je voyais tout ça. Encore un grand souvenir. Il y avait même Buffalo Bill. J'écoutais les gens, j'ai entendu qu'ils attendaient quelques autres camions, avant de rentrer dans Angoulême pour s'installer place du Champs de Mars.

J'avais, vers onze ans, un cirque est venu s'installer dans le champ à coté de la station Caltex. C'était un jeudi. Il s'installait pour deux jours. Le garde-champêtre était pâssé l'annoncer. - Avis à la population... Le cirque Machin (?) s'intalle pour deux jours dans le champs  Richié. Il donnera deux représentation à 20h et Vendredi 18h. Qu'on se le dise...Roulement de tambour... Curieux, je m'étais avancés et j'avais demandé si je pouvais les aider. J'ai aidé à monter les gradins. Dans l'aprés midi, j'ai entendu la musique à l'intérieur du chapiteau. Je me suis glissé sous la bache et depuis le dessous des gradins j'ai assité à la répétition. En repartant, un monsieur, à qui j'avais donné un coup de main, m'a donné trois places pour la scéance du lendemain. Heureusement, car nous n'aurions pas pu y aller.

J'ai, aussi un bon souvenir des "Frairies" qui se tenaient toujours dans les champs de Mr Richer, en face de chez nous. Il y avait des manèges, des pousse-pousse, des loteries, tir à la carabine, casse-boites, jeux de quilles. Le jeu du chemin de fer, était prisé, par les "gros bras", qui montraient leur force. Je me souviens d'avoir vu un manège, tiré par un cheval, qui tournait sans arret. Plus tard, les manèges étaient entrainés par des moteurs. Ce n'est que plus tard, ils tournaient à l'électricité. J'ai beau éssayé de me souvenir, je ne me souviens pas d'être monté sur un de ces manèges...ça n'a pas du beaucoup me manquer. Ce que je me souviens, trés bien, ce sont les jeux, style "interville", qui avaient lieu, le dimanche aprés midi et qui étaient réservés aux adultes. C'était à celui qui gagnerait le jambon, ou la bouteille de vin. Il y avait toujours une course, ou deux concurents partaient en même temps et devaient parcourir un circuit, semé d'embuches, telles, une échelle double, ou il devaient passer dessous, monter d'un coté, et descendre de l'autre, scier un tronc d'arbre, monter en haut d'un mat de cocagne, récupérer la cocarde, attrapper une piece de monaie, avec les dents, au fond d'une bassine d'eau...etc... Bien sur, c'était éliminatoire. Il y avait aussi, un "radio-crochet". Tous les ans, il y avait compétition. Certains c'étaient taillés une sacrée réputation de chanteur. Il chantaient, sans micro, bien sur... montés sur une charette.

Bien sur, il y avait des jeux, réservés aux enfants. C'était important. D'ailleurs, le garde-champêtre, quand il annonçait la Frairie, insistait, sur les jeux pour enfants.

Ces "Frairies" étaient importantes, à l'époque, pour certaines raisons, liées à l'époque d'aprés guerre, certainement, et à la dureté de la vie...

De cette époque, il me reste dans ma mémoire, des odeurs, des goûts, des musiques, des visages, des situations.... que j'aimerais bien retrouver, de nos jours. Ou est le gout des poulets ou des viandes que  nous mangions ?... où est le gout des crêpes de ma Mère ?...le gout du pain ?  Si j'aime, autant, aujourd'hui, écouter un morceau d'accordéon, ça vient certainement de là.

Vers l'age de 10 ans environ, mon meilleur ami était Jean-claude Fonchain, mon plus proche voisin. Eduqué, instruit, catholique, bien élevé, ses parents étaient la famille, certainement la plus riche d'Angoulême. J'étais aussi son meilleur Ami, et j'avais la chance d'aller chez lui, jouer, ou Léa, la "bonne", nous servait un chocolat chaud pour "quatre heures", dont je me souviens encore. Chez eux, les planchers étaient cirés. Il fallait se déchausser et prendre les "patins" ou sinon, je faisais suivre mes chaussons. Il avait des jeux supers...Nous aimions jouer au jeu de la puce...Quand nous en avions l'autorisation, nous allions jouer dans les dépots. Surtout ceux des bonbons et chocolats. Nous ne nous sommes jamais privé, de chocolats. Des fois, nous aidions les ouvrieres à coller les étiquettes sur les bouteilles, à l'aide de colle et de pinceau. Grace à Jean-Claude, j'avais la plus belle collection de buvards .C'était la mode, de colectionner les buvards publicitaires. Mr Fonchain, savait que je les collectionnais, il ne manquait pas de me le mettre de coté. Ce qui fait que j'avais des buvards, que personne n'avait. Les biscuits Brossard, la vache qui rit, la chicorée Leroux, la moutarde Louit, la vache sérieuse...etc... A l'école, nous devions avoir un buvard dans chaque cahier, car nous écrivions à l'encre, avec un porte-plume Sergent Major. Je peux vous dire que l'encre avait mauvais goût. Une fois, j'avais trempé dans l'encrier, le bout de mon porte plume, par inadvertance, et comme j'avais la mauvaise habitude de mordiller mon porte-plume...J'en avais plein la langue...Le pire, c'est mon voisin de bureau, Gonnet, avec qui j'avais parié qu'il était pas capable de tremper sa "quéquette" dans l'encrier. Il avait sorti l'encrier de son emplacement et avait sorti son petit oiseau, sous le bureau. Il l'a trempé dans l'encrier, mais ne pouvait plus la sortir. La maitresse, Mme Guerin, s'en ai apperçu... La honte...Il avait de l'encre, partout, sur le short, les jambes, les doigts...Je ne me souviens plus comment ça c'est terminé.Mais c'est un grand souvenir...

Une fois, en classe, le maître, Mr Fourgeaud, n'avait pas voulu me laisser aller aux "cabinets". Au moment de la sortie, ne pouvant plus me retenir, j'ai fait à la culotte. La honte. Je suis rentré à la maison, en pleurant, les jambes écartées, ça coulait le long des jambes. Les gens, me disaient - Qu'est ce que t'as Gigil ? Mon copain, Pierrot Robin, de la station Caltex, d'en face, avait pris les devants, pour prévenir ma Mère. Trop fière, qu'il était de l'annoncer à ma mère...

Plus tard, le grand frêre, de Jean-Claude devenait curé. Ne le voyant plus, j'avais posé la question, c'est là que je l'ai su. Nous avions un Ami, Mr Picard, qui travaillait chez Fonchain, comme chauffeur, livreur.

Ma Mère, m'avait incrit au "Gallia" le club de foot du village. Plus tard, des copains, sont devenus pros. Solas, Roy. J'étais goal. Premier match nous avions gagnés 6-0; En rentrant à la maison, je me suis trompé en annonçant à ma Mère que nous avions gagnés...que nous avions pris six buts et eux zéro. Ma Mère s'en ai toujours souvenu.

    

                                 

Mes parents ont décidé d'acheter une maison à Bordeaux. A Cenon éxactement. J'ai été mis au courant en dernier lieu. Je pense qu'ils avaient pris des précautions pour me l'annoncer. J'allais laisser ma jeunesse, mes amis mes copains, peut être, les plus beaux jours de ma vie, derrière moi. J'avais onze ans. A cette époque, la vie, faisait que onze / douze ans, on était grand. Pourtant, j'ai compris que ma vie basculait et que ma vie de "petit" était bien terminer. J'allais passer d'une vie, malgrés tout, douillette, à une autre vie. Celle des grandes villes et de leurs problêmes... Malgrés tout, je remercie mes Parents d'avoir fait le nescessaire pour que nous ayons eu une enfance sans problême. Nous n'avons manqué de rien, vu ce que je voyais autour de nous...agréable, malgrés l'époque et l'aprés guerre. Je n'ai que du bien à redire de mes Parents...au contraire.

Si mon cousin Dédé Videau, de Bordeaux, qui venait de se marier avec Lily Laplace, ne m'avait pas promis que je jouerais aux Girondins de Bordeaux, où il était dirigeant. Je pense, qu'il aurait été plus difficile de me déraciner.

- C'est où, Cenon ? - Cest à Bordeaux. Et puis pour les études, ce sera mieux.

Perso, je pense que mon Père voulait se rapprocher de sa soeur Maria qui habitait 16 rue de l'école normale à Caudéran. Son mari Tonton Charles Magne, était ingénieur chez Motobloc, à Bordeaux Bastide. Motobloc, fabriquait des moteurs pour les plus grandes marques de vélomoteurs du moment. Il y avait les Videau, aussi. Je n'ai jamais su. Il se peut aussi, qu'il ai voulu éloigner ma Mère d'Angoulême, pour une raison qu'on abordera certainement plus loin. Mais ça, c'est moi, qui le pense...A cet âge là, on ne partage pas l'intimité d'un couple, et je pense que nous n'étions pas au courant de tout.

Donc mon Père achète une maison à un jardinier, Impasse Damas à Cenon en 1956 si mes souvenirs sont bons. Il monte à  Cenon pour faire les travaux. Bordeaux était recouvert de plus d'un mètre de neige. Il logeait chez Videau, notre famille, à la Bastide. La Garonne, chariait des glaçons plus gros que la maison. Plus d'une heure trente, pour faire le trajet à pieds, matin et soir.

Déménagement, un an aprés, avec la 4CV Renault de Dédé. 2 ou 3 voyages ont suffit. Ce qui prouve que nous ne possédions pas grand chose. Peu importe, j'allais jouer aux Girondins...

                           

J'ai oublié l'abbé Roche, ma chapelle, la cavalcade, mon école, Pierrot. J'ai aimé de suite ma nouvelle maison. Rien à voir avec le deux pièces du Gond-Pontouvre. Chacun sa chambre, un WC dans la maison, un coin toilettes, l'eau courante, une petite cour. La maison située dans une impasse, ou nous pouvions jouer tranquille. Mon Père avait tout refait. Il avait creusé une fosse septique à la pioche, à la main, il l'avait crépit à l'interieur. La plomberie était en plomb (plus tard, interdit), les tuyaux apparents. Il avait refait toute l'électricité. Dans la grande piece, il y avait une hotte qui couvrait tout un mur. Il avait fait un wc et une petite salle d'eau, avec une baignoire. Le sol des chambres était en plancher, et chaque chambre possédait sa cheminée, en marbre. Plus tard, il les a supprimé avant de refaire le plancher. Il y avait un préau à l'arrière de la maison. Dans la petite cour, un magnifique prunier qui donnait des prunes jaunes énormes, comme des pommes. Les tuyaux d'évacuations, en plomb, était posés à même le sol. A l'époque l'impasse n'était pas équipé du "tout à l'égout". L'eau savonneuse, l'eau de vaisselles coulait dans une rigole en bordure de trotoire, dans la rue et allait se déverser dans un fossé, au fond de l'impasse. Les eaux de pluies suivait le même chemin.

J'avais deux nouveaux copains, Michel et Rolland Maurel, qui habitaient juste en face. Je n'étais plus "Gigil", j'étais devenu Gilbert. Pour la famille, j'étais toujours "Gigil". Seul bémol, la nouvelle école...Nous étions passés de la petite école de campagne, d'aprés guerre, à une grande école moderne avec des enfants différents, une école filles, une, pour les garçons. J'avais grandit d'un coup. Mes nouveaux copains employaient de drôles de mots. Quand on mettait le ballon dans un arbre ou sur le toit, ils disaient, qu'il était "pigé", pour moi, il était perdu. L'impasse Damas, où se trouvait notre maison, n'était pas goudronnée, elle était de terre et gravier. A part Mr Maurel, personne n'avait une voiture automobile. Une frégate grise, avec une galerie. Les deux familles étaient devenues proches. Le dimanche, parfois, nous partions ensemble, pêcher et picniquer au bord d'une rivière. Jusqu'à ce que Roland , plus agé de deux, voir trois ans de plus que moi, fasse des courses cyclistes. Il était licencié au V.C.B. Vélo Club Bastidien. Tout les dimanches, je partais avec eux pour voir courir Roland. Bien sûr, je ne pensais qu'au moment, ou je pourrais avoir, moi aussi, mon vélo de course. Mon père m'avait promis que si j'avais mon certificat d'études, il m'en paierait un. J'ai eu mon "certif", et sans plus attendre, je me rendais, à Bordeaux, à coté du cimetière de la chartreuse, chez la seule femme qui tricotait des maillots de coureurs de tous les clubs de la gironde. Les maillots de cycliste de l'époque étaient en laine. Le dimanche suivant, je fixais mon vélo avec celui de Roland sur la galerie de la Frégate du père Maurel, et je participais à ma première course, à Créon; le grand prix de la gare. Je terminais treizième, trés loin des premiers. J'avais gagné, un tube de colle dissolution. Tous les mardi soir, nous nous rendions à la réunion du club, ou les résultats de chacun étaient commentés, et là, nous nous engagions pour une course du dimanche suivant. Nous avions le choix, des courses. Nous pouvions nous procurer, le lundi, un journal, appelé l'Athlète, ou toutes les courses à venir,de France étaient répétoriées. Bien sur, je m'engageais pour la même course que Roland. Comment aurais-je fait pour m'y rendre ? Je n'étais pas un "grimpeur" et,  des fois, je prenais le départ d'une course, qui ne me convenait pas. Mais c'était pas grave. Je retrouvais les copains de peloton, les Amis, et nous passions quand même de bons moments, avant, pendant et souvent aprés la course. J'avais, quand même un problême. Je ne supportais pas la voiture. Et bien souvent, j'étais malade, avant de prendre le départ. C'était pas idéal...

Il m'est arrivé, quelques fois, d'aller courir, à vélo, faire la course, et rentrer en vélo. Une fois, mon Père était en permission. Nous étions partis, tous les deux, à vélo, pour St Emillion ou je courrais l'aprés midi. Nous nous sommes arêttés vers midi, dans un champs pour casser la croûte, avant Libourne. J'étais à l'heure sur la ligne de départ. Aprés la course, nous sommes rentrés, de suite, par la route Nationale de Paris, où nous avons trouvé sur la route, un porte monnaie, que mon Père à porté aux gendarmes, dés le lendemain. J'ai courru jusqu'a 18 / 19 ans. En même temps, depuis l'age de 13 ans, je jouais au tennis de table au CPPC (Cenon Ping Pong Club) J'étais classé. J'ai arreté le ping-pong, pour me mettre à la boxe. J'ai d'abord été licencié au JBB (Jeunes Boxeurs Bordelais) avant de signer au C.M.Floirac. Cinq combats, cinq victoires, et une participation à un France-Espagne, au pied levé, le mi-lourd qui devait représenter la France étant bléssé. J'ai arrété le vélo et la boxe, avant de partir à l'armée.

Roland et Michel, sont devenu mes deux grands copains, surtout Michel avec qui j'étais souvent fourré. Il nous ai arrivé de dormir ensemble à la maison.

Le quartier ou nous habitions s'appellait, et s'appelle toujours "Voisinville". Je me suis apperçu que de nos jours, même les habitants du coin, ne connaissent pas le nom de leur quartier. J'ai vu, dernièrement sur une carte de Cenon que le nom était toujours d'actualité. J'allais à l'école à Camille Maumey à 300 mêtres de la maison. Le directeur était une figure de la ville. Monsieur Martranchard. Les dernières années d'école, c'est son fils Jacques qui sera mon instit. Le directeur avait un autre fils, de mon âge, Gérard, qui jouait au ping pong dans le même club. Nous avions l'habitude d'aller jouer les tournois et championnats ensemble, en bus, quand ils avaient lieu à Bordeaux ou dans la banlieue.

La première année d'école à Cenon, j'avais un instit, Mr Barbe. Petit, toujours habillé de noir. Il resemblait à Serge Réggiani. Je me souviens, que pour mimer le corbeau et le renard de La Fontaine, il était monté sur son bureau, habillé de noir, il avait tiré les manches de son pull noir, pour faire les ailes. Moi, j'étais en bas, je devais faire le renard. J'ai pas pu. Plié de rire, de le voir. Une fois, nous faisions une expérience. Il m'avait fait coller la ventouse d'une flêche de pistolet sur la vitre de la fenêtre. Une fois sa démonstration terminée, il me demande d'enlever la flêche. Je tire dessus, la vitre se casse. Fou rire... Une fois Michel Garot attrape une mouche dans la classe, il avait réussi à attacher un long fil à une de ses pattes. Il avait trempé le fil dans l'encrier. La mouche c'est envolé péniblement et a été se poser aussitot, juste sur le bureau de l'instit. C'est lui, aussi, qui avait laché un oiseau dans la classe. Le samedi aprés midi, à la place des cours, quand il y avait un match de rugby à la radio, il amenait sont gros poste TSF dans la classe, et nous écoutions la retransmission du match que commentaient Georges Briquet en compagnie d'un jeune débutant Roger Couderc. C'est pas beau ça ? Pas mal d'année aprés, j'ai eu l'occasion de croiser plusieurs fois Roger Couderc. Quand nous préparions le "brevet sportif" qui comptait pour le Certificat d'Etudes Primaires, il nous faisait des démonstrations à la corde lisse. Il s'asseyait par terre, jambes tendues à l'équerre et montait dans cette position j'usqu'en haut. Une fois, au fond de la classe, je me suis assoupi, il s'en ai apperçu. Il m'a lancé une craie sur le crâne, depuis sont bureau. Crois moi ça reveille. A la fin de l'année scolaire avait lieu la fêtes des écoles, dans le parc de la mairie de Cenon. La dernière à laquelle j'ai participé, j'étais le roi Baccus, le rois des vignes et du vin, tout drappé d'un tissus blanc avec une couronne de feuilles de vigne sur la tête. Un vrai dieu.

Je jouais dans l'équipe de foot de l'école, j'étais goal. Nous avons été invaincu pendant deux ans en USSEP, jusqu'au jour ou j'en ai pris trois, par le même joueur, Petit, actuellement manager à Monaco. Dans mon équipe, jouaient des potes qui plus tard ont joués aux Girondins, tel Villate et Lediaba.

Tout le monde me disait que je devrais jouer au rugby. Je n'y pensais même pas.

Martranchard, ne voulait pas que je passe le certificat d'études. Il me trouvait faible en calcul et en orthographe. Il s'en était entretenu avec ma mère. J'avais insisté pour le passer. J'ai bien eu raison, je l'ai eu avec une des meilleures notes. Mon père n'avait pus qu'à acheter le vélo de courses. Le lendemain, j'avais mon vélo, que nous avions été cherché chez Bramard, ancien coureur du Tour de France, qui avait ouvert un magasin de cycles, dans la cote des 4 pavillons à Cenon. Le soir même, je partais m'entrainer avec Roland Maurel, mon copains. Trois jours aprés je faisais ma première course sur route, à Créon sous les couleurs "tango et bleu" du Vélo club Bastidien, club de mon copain Roland. Mon club m'avait confié un vélo piste avec les jantes en bois pour que je dispute les courses sur piste, dans le région. J'ai participé à plusieures réunions importantes, surtout au vélodrome de Bordeaux, qui de nos jours a perdu sa piste pour devenir un stade uniquement foot, et qui a un avenir incertain, le foot devant déménager au nouveau stade qui se construit au Lac de Bordeaux à deux pas de la foire, juste à coté du vélodrome. Le Samedi avait lieu les fameux "samedis cyclistes", où j'ai pu cotoyer les Darrigade, Ocana, Suire, et bien d'autres.

Vers dix-sept / dix-huit ans, j'ai eu envie de créer un club de jeunes sur le modèle du Golf Drouot de Paris ou passaient toutes les jeunes vedettes de l'époque. Je reussissais à entrainer dans cette idée des copains et une copine avec ses parents, car il nous fallait un majeur. La majorité était, alors, à 21 ans. Nous avons trouvé une grande salle au "chateau du diable", juste en face de chez moi. C'était une ancienne salle où avaient lieu des mariages. Nous pouvions en disposer gratuitement et quand bon nous semble. Nous avons appellé ce club, Le Golf du Diable. J'ai rencontré ces dix dernières années plusieurs personnes qui s'en souviennent. Le but était de réunir le max de groupes régionnaux, débutants ou qui tournaient déja, et de leur permettre d'évoluer devant un public. En rien de temps, Le golf du diable, devint le temple du rock et du yé-yé du Sud-Ouest. Les groupes venaient d'Agen, de Mt de Marsan de Bayonne, de Périgueux, de la banlieue de Bordeaux. Pour avoir accés aux spectacles du samedi aprés midi, il fallait être adhérent et posséder la carte du club, qui valait cinq francs par mois. Cinq groupes passaient dans l'aprés midi. Quatre nouveaux et le plébiscité du samedi précédent. Chaque groupe jouait cinq morceaux. Des impréssarios de renom, m'avaient contacté pour nous proposer des vedettes du Hit... C'est comme ça que Claude François, Danny Boy et ses pénitants, les chaussettes noirs avec Eddy Mitchell, Les pirates et Danny Logan, Les Schtroumphs, Les Fantomes, Nancy Holloway, Long Chris, et d'autres, ont pu se produirent dans la régions Bordelaise. Nous étions obligés d'organiser ces spectacles, dans des salles plus grandes et renommées, tels l'Alhambra, le Casino, Le Bellevue à Lormont (détruit de nos jours), à St Emilion, etc... Les Groupes régionnaux, les plus connus, comme Les Rangers, Les Collégiens, Les Black and White, Tony Marsh, etc, assuraient la première partie, gratuitement... Nous assurions la "promotion" comme il faut dire de nos jours. Nous partions avec la "dauphine" de Popol Gastigard, coller les affiches, dans tous les villages, à Bordeaux (le soir), j'organisait des rencontres télévisées avec "France3", ou des parades dans le centre de Bordeaux, avec la vedettes, même... Je me souviens, d'une fois, ou avec un copain qui avait acheté la fameuse Cadillac du film, "La belle Americaine" nous avions défillé rue Sainte Catherine, à Bordeaux, voiture décapotée, avec Danny Boy à l'arrière, à grand renforts de coups de klaxon, et de haut-parleurs  . La folie... Le soir l'Alhambra était plein à craquer.

A cette époque, j'avais 18 ans, je venais de passer avec succcés deux CAP, un de "dessinateur industriel", et un de "Chaudronnier acier". J'avais commencé la Boxe au Jeunes Boxeur Bordelais à St Michel, puis au C.M. Floirac . J'envisageais d'arréter les courses de vélo. Ce que je fis, trés rapidement. La boxe, plus le "Golf du Diable", suffisait amplement. C'est l'époque, aussi, ou j'ai fait connaissance de Jackie, que je fréquentais en cachette, mais sérieusement. En cachette, car la communauté gitane sédentaire, à laquelle elle appartenait, interdisait de fréquenter ou de se marier avec un étranger, un"payo". Au bout d'un certain temps, ça c'est su, et j'ai eu pas mal de problêmes avec des gens sa communauté, que j'ai réglé, comme il se doit. Mon copain, Michel Maurel, sortait avec la soeur de Jackie, Marie-France. Mais un soir, lors d'un de nos rendez-vous, elle m'annonce que son Père avait décidé de la marier avec un de ses cousins. Alors, je lui ai posé la question: qu'est ce que tu comptes faire ? Elle ne voulait pas. C'est moi qu'elle aimait, et c'est avec moi, quelle voulait vivre. Sans hésiter, je lui proposais de préparer un baluchon et de se retrouver le soir même pour partir en cachette, assez loin de Bordeaux.... Je rentrais chez moi, prévenais ma Mère de se qui allait se passer. Bien sur, elle n'était pas trop d'accord. Je la rassurais. Le soir, je retrouvais Jacqueline (c'était son vrai  prénom) elle prit place derrière moi, sur mon Paloma Flasch, le baluchon sur le réservoir de ma moto, et nous partions sans perdre de temps, dans la nuit, direction Angoulême. J'avais décidé de me rendre chez tata Maria et tonton Charles, à l'Isle d'Espagnac, éxactement. Je ne voyais pas où aller ailleurs que chez eux, car j'avais vraiment confiance en eux. Tata, nous a reçu ( tonton Charles était en déplacement). Aprés lui avoir raconté l'histoire, elle nous a offert l'hospitalité. Elle était contremaitre, dans une fabrique de chaussures. Le lendemain, vers midi, alors que nous étions seuls, on frappe à la porte. Je vais ouvrir. Mon Père ! Tata Maria, l'avais prévenu de suite. Il était venu de Toulon, sans perdre de temps. Il était en pétard.... Pour midi Tata Maria est rentrée. Elle était d'accord pour garder Jackie, le temps qu'il fallait. Elle lui avait trouvé du travail, dans l'usine où elle travaillait. Mon Père exigeait que je rentre avec lui, à Bordeaux. Je laissais donc ma moto dans le garage, et je rentrais avec mon Père à Cenon, promettant de revenir rapidement. Il allait falloir affronter les parents et l'environnement de Jackie. Comme j'étais obligé de passer devant chez eux pour aller au travail, ça à donné des situations, parfois violentes, et même une fois, dangereuse. La mère de Jackie, a voulu me rencontrer en cachette. Je l'ai rencontré. Elle voulait avoir des nouvelles et savoir où était sa fille. Bien sur, je l'ai rassuré, mais je ne lui ai pas dit où elle était. Le samedi suivant, je prenais le train pour Angoulême, ou je retrouvais Jackie. Entre temps j'avais rencontré l'épicière Lolo, qui était intallée trois maisons à coté de celle des parents de Jackie. Elle m'avait proposé de la recevoir, en cachette, en attendant que ça se calme. J'avais accepté, pour qu'elle soit plus prés. Malgrés le risque, nous options pour cette solution. Nous sommes rentrés en moto dans la nuit, chez Lolo. Elle était en sécurité, incognito, à quelques mètres de chez ses parents. Sa Mère venait faire les courses tous les jours, sans savoir. Quelques jours plus tard, je donnais à sa Mère l'adresse ou se trouvait sa fille, contre la promesse que ça reste secret. La soeur de Jackie, avait le droit d'aller la voir, sans éveiller les soupçons. Petit à petit, la situation s'est appaisée. Un mois environ, aprés, le père m'a parlé. J'ai bien vu que s'était encore un peu juste... Entre temps, il fallait régulariser la situation, et j'annonçais à sa mère que nous allions nous marier, sans leurs accords. Les parents de Jackie ont du se faire à l'idée, contre toute la communauté. Le père ne savait toujours pas où était sa fille. J'ai réussi à le convaincre d'aller signer les papiers du mariage à la Mairie de Cenon... Il l'a fait... Nous nous sommes mariés sans eux. Eglise, Mairie, repas entre nous chez mes parents...Voilà. Petit à petit le Père s'est calmé, à réussi à convaincre sa communauté. Il a revu sa fille, qui avait trouvé du travail à la Bastide dans une conserverie. Un jour je suis allé avec lui. Il achetait une caravane. Au retour, il ne savait pas où la garer . Il l'a mise attenante à la maison de mes parents, impasse Damas, dans le champs à coté (il n'y avait pas de constructions, à cette époque). On a vite fait de la squater, aprés avoir logés dans une chambre mansardée du 'Chateau du Diable" à deux pas de la maison familiale.

Quand je suis parti à l'armée, le 3 mars 1963, nous attendions un heureux évènement. J'avais de grandes chances de partir faire mon "service" en Algérie. Les évènements, ont faits que je suis resté, prés de chez moi, à la B.A.106 de Mérignac. Lionnel est né pendant mon service militaire.

Au retour du "service". J'ai changé d'employeur. De la S.A.F. (soudure autogène française) pour le "Chantier naval de la Gironde) ou nous construisions des gros navires, pétroliers ou paquebots, voir cuirassiers. J'y suis resté que quelques mois, car pendant l'armée, j'avais postulé pour une place d'agent d'assurance dans le compagnie La Foncière.

A ce moment là, suite à une X°dispute, j'ai quitté Jackie. et Lionnel... Un peu fou, un peu jeune, sans trop réflèchir.... Je suis parti à l'hotel. L'hotel "Ste Catherine" à Bx. Jackie, pensait que je reviendrai, mes parents aussi...

Le midi, un copain assureur, Michel Minvielle, m'a indiqué le restaurant où il mangeait. Je l'ai rejoint. Là, il y avait une serveuse sympa, qui m'a tapé dans l'oeil de suite. Le lendemain, je retournais au "Club" ( le nom du restaurant ) C'était la même serveuse. Aprés quelques aimables plaisanteries, je pensais avoir la possibilité de la revoir, en dehors. Le Dimanche, j'y retourne, et je décide de l'attendre à la sortie de son boulot. Il pleuvait comme "vache qui pisse". Quand elle sort, surprise de me voir là, je lui propose d'aller boire un verre. J'étais à pieds, elle avait une voiture 2CV Citroên. Sympa, elle accepte. Nous allons place de la Victoire. Nous discutons beaucoup, et tard, j'apprends qu'elle s'appelle Angèle, qu'elle est étudiante en lettres à l' Ecole Normale de Bx. Elle vient du Gers, de Blaziert, à coté de Condom. Je lui explique que je suis marié et que je vais divorcer. Il se fait tard, trés tard, nous décidons de partir... Elle me propose de me ramener. Là, en montant dans la voiture, nous nous appercevons qu'on lui a piqué les pneus. Devant le bar ... Signe du destin ? Elle décide que le lendemain, elle ira au commissariat faire une déclaration de vol. Donc nous partons à pieds... Nous nous quitterons trés tard, ou trés tôt le lendemain, en se promettant de se revoir...bien sûr.. Nous nous sommes revus, tous les jours. Nous avons vite fini par être ensemble, tout en restant à l'Hotel Mirtin, où elle avait sa chambre d'étudiante, juste à coté du restaurant Le Club, où elle travaillait pour se payer ses études. 

A ce moment là, je débitais dans le métier d' Agent d'assurances vie, à la Foncière Populaire. Au moment des vacances scolaires, elle partait en "saison" à Juan -les-pins. Quand j'ai eu mes congés, je suis parti en train la rejoindre, car elle m'avait trouvé une place de serveur, avec elle, dans la même crêperie. Elle servait l'intérieur, moi, la térrasse. Nous avons servi des vedettes, telles que Henri Salvador, Françoise hardy, Claude Ciari, Jean-Marie Perrier, Pétula Clark, Jacques Dutronc, ainsi que les Surfs. La saison terminée, nous avons repris nos activités à Bordeaux. Nous étions une bande de copains, étudiants, horloger, plombier. Nous avons passés de bons moments.

Nous nous sommes mariés, à Blaziert, dans le Gers, en famille, j'avais comme témoin, un copain de travail, Roger Manaud, que j'avais rencontré dans l'agence de Toulouse où j'avais été muté. J'habitais dans des chambres meublées, puis, j'ai trouvé un petit appartement, meublés deux piéces. Angèle m'y retrouvait, le week-end, quand elle le pouvait. A ce moment là, elle apprend qu'elle est enceinte. D'un commun accord, la situation n'étant pas stable, nous décidons de ne pas le garder. Décidion, pas facile.

Il m'a fallu habiter à Montauban, ou j'ai créé une agence, pour la même compagnie. Là, je louais une chambre sans chauffage, avec un bon édredon, toilettes et lavabo dans le couloir. J'ai été appellé à travailler à Lyon, où je vivais à l'hôtel, tout frais payés par ma compagnie. Ensuite à Montpellier où aprés avoir vécu dans une chambre meublée, j'avais loué un appartement, dans le vieux  Montpelier, au 2° étage, juste sous les toits, à coté de la cathédrale. Nous avions acheté des meubles aux "ateliers du meubles"à Agen, que nous avions fais livrer, à Montpelier. Comme elle n'arrivait  pas à obtenir une mutation dans l'Herault, il a fallu repartir. Nous avons déménagé avec l'Estafette d'une connaissance de Blaziert, qui est venu jusqu'à Montpellier nous chercher. A Agen, ou nous habitions, d'abord gratuitement (sous condition de s'occuper d'une Mamie) dans une résidence, dans un appartement où  vivait la mamie, que nous devions garder et surveiller. Au bout d'un moment, c'est devenu un peu lourd pour un jeune couple. Elle commençait à tomber du lit...etc... Nous avons trouvé une super location d'une maison, avec jardin, grand garage, deux étages. C'est là que Yannick à été conçu. Il est né à la clinique Labat. J'ai, alors, changé de métier. Je travaillais dans l'entreprise de nettoyage Marietta. J'ai été amenné à fréquenter pas mal de rugbymans, dont des internationnaux du moment. Alain Plantefol, Michel Sitjar, Michel Lasserre, Franco Zani, et bien d'autres... Un jour ça m'a pris, j'ai plongé, dans la marmite. Mes parents nous rendaient visite tous les deux week-end. Souvent, Raymond et ma soeur également.

Au bout de quelques mois, Guy-Alain Marietta, me propose d'ouvrir une agence, dans la ville de mon choix. Nous venions de faire un gros chantier à Pau. J'étais tombé amoureux de ce que j'avais vu de la ville de Pau. OK , va pour Pau. Je pars à Pau, je me trouve un studio neuf, rue du Maréchal Joffre, à coté de la Mairie et de la Place Royale. Dans ce studio, neuf , la piece ou l'on entrait me servait de Bureau, et j'habitais dans la chambre ou il y avait la salle de bains. Quand Angèle a obtenu sa mutation dans le secteur, nous avons trouvé une maison, en location, rue du Gui, pas loin de l'hypodrome. C'est quand nous habitions là, que lors d'un voyage à Andernos, pour un week-end avec Raymond, mon bof, et ma soeur, que Yannick, un an environ, à fait une crise grave. Il était paralysé d'un coté, visage, bras, jambe. Nous l'avons transporté d'urgence à la clinique d'Ares, où il a été éxaminé. Nous sommes rentrés le soir, à Cenon, chez mes parents. Le lendemain matin, il avait toujours le même problême. Quand j'ai voulu le tester, je l'ai maintenu debout, je lui ai demandé de taper dans un ballon... Pas possible.... il ne tenait pas debout. Nous avions deux solutions qui se présentait à nous. Ou l'hopital des enfants de Bordeaux, ou Pau, ou nous habitions. Nous avons opté pour Pau, ou nous l'avons conduit directement à l'hopital. Période trés difficile... Diagnostic, apparement une ménigo- encéphalite, certainement du à un virus...mais rien de précis...Je préfère ne pas épiloguer sur ces mauvais moments difficiles à vivre pour des Parents. Un jour, nous avons décidé, qu'il serait aussi bien à la maison, gardé et surveillé par sa Maman qui allait être en grandes vacances. On nous a demandé de signer une décharge, ce que nous avons fait. Pendant plus d'un an, sous gardénal, matin et soir, éxamens réguliers. Aujourd'hui, quand on le voit, difficile de se douter... Mais pour moi, c'est un passage de ma vie qui les gravé dans ma tête.

Pau c'est encore un grand moment dans ma vie. La naissance de Cyril, à laquelle j'ai assisté... J'avoue, que je n'ai pas pu rester jusqu'à la fin de l'accouchement...J'allais me trouvé mal... Encore un grand moment de ma vie. Il n'avait pas un poil sur la tête. Il est resté longtemps, sans cheveux, mais ça lui allait tellement bien. Sa Maman était enseignante au Collège d'Arthez de Béarn... Nous avions trouvé une nounou pour Yannick. La femme d'un gendarme d'Arthez, qui habitait la gendarmerie. Au bout de pas mal de temps, ça devenait pesant, tous les jours de Pau à  Arthez. Nous pensions déménager, pour habiter à Arthez. Il me paraissait mieux que se soit moi qui fasse le trajet, matin et soir. Je gérais donc, à Pau, l'entreprise de nettoyage, que j'avais créé de toutes piéces, pour la société Marietta. Pour la Fête annuelle du Collège d'Arhez, où, je donnais un coup de mains, le Maire, le Docteur Maison et son adjoint Claude Vigneau, son venus me voir, en me disant : C'est une personne comme vous qu'il nous faut à la commune, pour s'occuper des travaux et du personnel d'entretien. Nous sommes prêts à vous faire rentrer à la commune. Je les ai écouté, et j'ai demandé à réfléchir.... Quelque temps après, ils m'ont recontacté. Aprés un délai de réflexion complémentaire, je prenais la décision d'accepter, surtout que je commençais à saturer de mon boulot, d'autant plus que je me versais un salaire quand l'argent rentrait, et quand il en restait, aprés avoir payé les employées, les fournisseurs et les charges, etc...

A Arthez, nous avions trouvé une villa à louer, au quartier Bergoué... Avant de trouver un térrain et de construire chemin Dizeranne, une maison, où j'ai pas mal donné, mon Père aussi ...

La suite, mes enfants la connaissent... Et puis ce n'est pas le sujet présent ...

En attendant, je vis avec Henriette depuis 1981, d'abord à Lormont (33), puis Floirac et depuis 1985 à Pompignac où nous avons construit...Aujourd'hui, j'ai des petits enfants, éloignés, que j'adore, et que j'aimerai voir plus souvent.

Je pense qu'eux non plus, ne pourrons pas dire grand chose de leur grand père paternel... La vie d'aujourd'hui et la mentalité éloignent tellement et souvent ceux qu'on aiment...

 

                                                                                                                                            GIGIL / GILBERT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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